50 ans de créations

Pour célébrer les 50 ans de la Maison, un ouvrage a été rédigé avec des illustrations d'archives pour retracer les 50 ans de créations de Philippe et Mathieu Tournaire. 

Entrez dans l'intimité de notre belle Maison de joaillerie et (re) découvrez l'histoire de la marque. Cet ouvrage est imprimé par l’imprimerie Chirat, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, qui se situe en France, dans la Loire. Les différents papiers utilisés pour cet ouvrage sont certifiés PEFC ou FSC. Ces certifications environnementales attestent que le papier provient d’une filière bois dont les forêts sont gérées durablement. Les encres utilisées pour l’impression sont des encres végétales.

« Je rêvais de faire de la physique ». À l’heure du bilan de 50 ans de création en joaillerie, Philippe Tournaire a parcouru bien d’autres chemins en autodidacte inspiré. L’artiste a ouvert pour nous le livre des souvenirs : nous avons remonté le temps, évoqué ses débuts avec émotion, souri au gré des anecdotes du parcours initiatique de celui qui a fait de son nom une marque de haute joaillerie, aujourd’hui transmise à son fils Mathieu.

Chapitre I : Faire ses gammes

Créer une respiration

L’histoire commence à Saint-Germain-Laval, dans la Loire, où vit la famille Tournaire. Né en 1949, le jeune Philippe est un enfant curieux, attentif. Il passe des heures à observer les artisans qui font la vie d’un village : le menuisier, le maréchal-ferrant, le mécanicien, le maçon, le tailleur, le cordonnier… Il découvre avec intérêt les savoir-faire de ces artisans. Tout semble possible. Mais là où il passe le plus clair de son temps, c'est dans l’atelier de son père. « Papa m'a appris à souder très jeune, vers l’âge de 9 ans. Il réparait des postes de radio, de télévision et toutes sortes de machines. J’étais admiratif. Je souffrais alors d’un asthme qui m’empêchait de vivre comme les enfants de mon âge. J’aimais bricoler et le fait de porter mon attention sur une soudure, une réparation minutieuse ou scruter le mécanisme d’un réveil, apaisait ma respiration ». 

Cet asthme conduira Philippe au lycée climatique d’altitude de Briançon où il est scolarisé de la 6e à la 3e. Il en parle avec émotion et pudeur et garde de très bons souvenirs de cette scolarité malgré la discipline, stricte mais juste et l’éloignement de sa famille : 

« Je rentrais chez mes parents à Saint-Germain-Laval seulement trois fois par an : à Noël, à Pâques et pour les vacances d’été. Il y avait une réelle solidarité entre les élèves, nous étions soudés et cela valait mieux. Nous n’étions autorisés à sortir qu’en groupe. Si on partait à cinq, il fallait revenir à cinq ! Il était obligatoire d’avoir une coupe de cheveux réglementaire : courte et bien dégagée derrière les oreilles. Une fois dehors, nous profitions au maximum de cette liberté, nous explorions la ville et je passais de longs moments à la bibliothèque municipale qui renfermait pour moi, du haut de mes 13 ans, bien des trésors ».

C’est dans ce lycée que se révèle le sens artistique de Philippe qui se passionne pour le dessin à la plume. « Je créais des formes, rien de figuratif, mais avec une certaine harmonie. C’est au bout de cette même plume que j’ai trouvé, ces années-là, la signature de mon nom et que j’ai inventé mon alphabet inspiré de l’écriture cunéiforme. Les cours sur la Mésopotamie m’avaient captivé, il faut dire que j’avais un professeur d’histoire exceptionnel ». 

Philippe se souvient de s’être senti happé par la reproduction d’un tableau de Paul Klee accroché au-dessus de la porte de sa classe de Français en 6e.  

« Les formes géométriques et la magie des couleurs de cette œuvre -Château et soleil- me fascinaient, je n’ai jamais oublié ce tableau ».

Le bracelet Free naît d’un couvert

À 17 ans, après le lycée, à la fin des années soixante, la voie de l’apprentissage en radio-électronique est un vrai choix pour Philippe. Son CAP en poche, il travaille avec son père et c’est dans l’atelier familial qu’il crée ses premiers bijoux : « Il y avait du cuivre. Un jour, j’ai essayé de façonner quelque chose et j’y ai pris goût ». L’envie de créer anime Philippe qui, un couvert en argent en main, choisit de le détourner : « C’était une fourchette, l’objet m’a guidé, je l’ai façonné, j’ai beaucoup tâtonné, trois mois plus tard le bracelet Free était né ». À entendre Philippe Tournaire, la création de ce premier bijou apparaît bien simple et pourtant, il est le fruit d’une longue réflexion nourrie des lectures du jeune homme qui s’intéresse depuis des années à Einstein, à l’astronomie, à l’histoire, à l’archéologie et surtout à l’ethnologie. « Mon père était avant tout un scientifique, ce n’était pas uniquement un artisan. Il pouvait répondre à toutes mes questions scientifiques ou historiques et c’est lui qui m’avait conduit vers tout ça ».